Le Chief Executive Officer d’Airport Terminal Operations Limited (ATOL), Bruno Mazurkiewicz, s’exprime sur l’utilité pour l’île Maurice de se doter d’un nouveau terminal passagers à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam. Entreprise privée dont les actionnaires sont Airports of Mauritius Ltd (AML) à 90 % et Aéroports de Paris Management à 10 %, la mission d’ATOL couvre toutes les étapes du projet, du développement à l’exploitation, en passant par le design et la construction.
Bruno Mazurkiewicz, CEO – ATOL /// photos : atol
Quel est l’intérêt pour le pays d’avoir un nouveau terminal passagers ?
Le gouvernement mauricien a pris la décision d’optimiser son trafic et ses moyens d’accès avec un aéroport plus grand et plus moderne. Il était devenu indispensable d’avoir un nouveau terminal passagers à la pointe de l’innovation et qui soit une vitrine pour le pays. Outre le fait qu’il symbolise l’essor technologique de l’île Maurice de ces dernières années, il se place dans une politique de projection vers le futur pour devenir un moteur de dynamisme et de croissance et il offre dorénavant toutes les conditions favorables au développement économique du pays.
Quelles en sont les principales caractéristiques ?
Avec un investissement global de USD 305 millions, l’enjeu est essentiel pour l’avenir de ce secteur d’activité, avec en ligne de mire l’objectif d’accueillir à terme 4,5 millions de visiteurs annuellement. La conception u terminal a été inspirée de la culture locale, sans pour autant négliger l’aspect fonctionnel. Il allie modernité, fonctionnalité, haute qualité de service, et répond à tous les standards de sécurité et de sureté, le plaçant au rang des aéroports internationaux les plus modernes, où tous les services sont dimensionnés selon la capacité d’accueil en heure de pointe, qui est de 1 640 passagers au départ. C’est un véritable outil industriel d’environ 57 000 m2, qui a été conçu de façon à contrôler son impact environnemental. Cette structure de verre et d’acier est en étroite ligne avec le concept « Maurice île durable », avec l’utilisation de l’énergie solaire captée par des panneaux photovoltaïques sur les auvents, la récupération des eaux pluviales, l’optimisation de l’enveloppe du bâtiment et l’intégration de la nature jusqu’au cœur du bâtiment.
Quand le nouveau terminal sera-t-il pleinement opérationnel ?
Nous avons déjà mis à la disposition de nos partenaires des passerelles télescopiques capables d’accueillir des gros porteurs. Après avoir accueilli, le lundi 11 mars, notre premier avion, le vol MK 053 d’Air Mauritius en provenance de Londres, le premier vol commercial de l’A380 à Maurice s’est posé le lendemain, jour de la fête nationale. La mise en service du terminal impose le respect et la réussite de différentes étapes dans la maîtrise des process aéroportuaires, nécessitant énormément d’efforts de la part de nos équipes pour assurer la réussite du projet selon les normes internationales. On y retrouve, dans les grandes lignes, les tests d’acceptation et la mise en service de tous les process, les essais opérationnels des process en fonctionnement simultané, la familiarisation de toutes les parties prenantes, ou encore la formation du personnel d’ATOL et des acteurs concernés. L’ensemble de ces tests fonctionnels et opérationnels requiert des mois de préparatifs. Nous en sommes à la phase de finalisation, qui entrevoit une ouverture possible au second semestre de 2013.
Les besoins des compagnies aériennes dans la mise en place de ce projet ont-ils été pris en considération ?
Le terminal est conçu en conformité avec le concept de qualité des services requis par toutes les compagnies aériennes pour la prise en charge des passagers. Elles ont toutes été consultées et se sont exprimées sur leurs attentes concernant les facilités d’enregistrement, la gestion des passagers en transit, ou encore le système de traitement des bagages par exemple. L’enjeu pour ATOL est, bien sûr, de fidéliser ces compagnies aériennes, mais aussi de penser à un éventuel élargissement de son panel d’offre pour le futur et devenir un carrefour incontournable capable de rivaliser avec les plus grands aéroports de l’océan Indien et de l’Afrique.
Comment percevez-vous les avantages liés à une éventuelle transformation de l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam en hub, à l’instar des aéroports de Paris-Charles de Gaulle ou de Dubaï ?
Tout d’abord, nous ne parlons pas de la même échelle que les aéroports de Paris-Charles de Gaulle ou de Dubaï. Mais il faut comprendre qu’au-delà des enjeux touristiques connus et essentiels pour Maurice, le terminal vise à devenir un pôle de transit transcontinental et à ouvrir le pays aux opportunités industrielles et économiques qui s’offrent à lui. Maurice se situe dans le triangle d’or à la croisée des chemins entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe et c’est face à ces futurs enjeux géopolitiques que le gouvernement mauricien a choisi d’optimiser son trafic international et ses moyens d’accès grâce à la construction d’un terminal plus grand et plus moderne pour créer un hub. Cela confère l’avantage certain d’avoir une véritable plate-forme de correspondances, qui conforte la position de l’aéroport parmi les leaders dans cette partie du monde, capable d’accueillir des moyens et gros porteurs, notamment avec des équipements dédiés à l’A380.
compétence large dans le domaine aéroportuaire
Bruno Mazurkiewicz pilote le projet du nouveau terminal passagers à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam depuis 2008. Il était précédemment en charge de la Direction Énergie et Logistique de la plate-forme Paris-Charles de Gaulle. En près de 25 années de carrière au sein du groupe Aéroports de Paris (ADP), il a acquis une compétence large, tant dans les domaines du management de la construction que dans celui de la maintenance et de l’exploitation d’installations aéroportuaires. Durant les premières années, il a occupé des fonctions en maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage, notamment dans la construction de terminaux et de hangars avions.