Mardi, 9 h. Nous sommes fins prêts pour une excursion sauvage au cœur des 1 300 hectares de Bel Ombre Nature Reserve. Ce matin-là, le microclimat de Bel Ombre est quelque peu capricieux. Mais qu’est-ce qu’un peu de boue devant les trésors endémiques et indigènes que nous promet cette réserve naturelle ? Un jeu qui en vaut la chandelle, exactement. En route pour l’aventure !
Rencontre avec Nitish
À l’accueil de la réserve, Nitish nous attend. Il sera notre guide pour la journée. Le jeune homme travaille au contact de la nature depuis des années. Son sourire le confirme : il n’aurait jamais pu en être autrement ! Formé par la Mauritian Wildlife Foundation, le ranger a hâte de nous faire découvrir la faune et la flore exceptionnelles de cet écosystème. C’est parti pour une randonnée de 2 h 30.
Premier arrêt : cascade de l’Exemple
Pour y parvenir nous empruntons une route longeant la rivière Jacotet. Un petit couloir boisé, aménagé en escaliers, nous amène jusqu’à la cascade de l’Exemple. Les plus vaillants se jettent à l’eau pendant que nous en apprenons davantage sur le projet de réhabilitation des berges de la rivière. Ces derniers mois, près de 300 arbres endémiques y ont été mis en terre. Ce geste symbolique a marqué la première étape de la création d’un corridor écologique entre le parc national des Gorges de Rivière Noire et la zone côtière de Bel Ombre – deux réservoirs de biodiversité. L’objectif étant de faciliter la migration de la faune entre les deux zones.
Promenons-nous dans les bois
La balade se poursuit dans la forêt où nous marquons une pause éducative devant quelques-unes des centaines d’espèces endémiques qu’abrite la réserve. À notre droite, le bois d’ébène, dense et résistant. Il était utilisé dans le temps pour fabriquer les touches noires des pianos ainsi que des meubles de luxe. À notre gauche, le bois de natte qui servait à la construction de maisons coloniales. Devant nous, le bois de canne, autrefois prisé pour la confection de canne de marche. Nous y trouvons également des espèces indigènes telles que le vacoa ou le sang-de-dragon – cet étrange arbre qui semble saigner lorsque son écorce est égratignée.
Sur la plaine de Dalsing
vue qui domine à la fois la réserve naturelle et la réserve de biosphère des Gorges de la Rivière-Noire Bel Ombre, nous traversons la plaine de Dalsing. Le brame d’un cerf rusa perce le silence. Un faon lui donne la réplique. Probablement pas la réponse qu’il espérait ! Introduits de Java en 1639 par un gouverneur néerlandais, ces cerfs étaient alors une dizaine sur l’île. On en compte aujourd’hui près de 3 000 dans la réserve. Comme eux, plusieurs autres espèces enrichissent la faune de la réserve ainsi que de la biosphère avoisinante. Cochon marron, faisan, roussette, singe, grosse cateau verte, crécerelle et fody de Maurice, coq des bois, oiseau à lunettes… ils sont tout autour !
La vieille cheminée, vestige historique
Petit détour historique à la vieille cheminée avant la pause déjeuner. Ce magnifique monument nous offre un voyage dans le temps. Il est l’unique vestige de l’usine sucrière de Frédérica, datant du XIXe. Dans cette région isolée aux terrains vallonnés, l’accès aux champs de canne à sucre était difficile. L’usine a ainsi dû fermer ses portes en 1874.
Pique-nique à la cascade Frédérica
Après l’effort, le réconfort. Aux abords de la cascade Frédérica, une aire de repos – pensée par Nomadic Resorts, agence de design multi récompensée – a été installée. Un lieu aussi magique que féerique, en pleine nature ! Après s’être réchauffé auprès du feu de camp, on prend place autour d’une table rustique, au milieu des bambous de chine. Aarti, notre chef du jour, se tient prête à nous recevoir. Dix ans d’expérience en cuisine lui ont permis de peaufiner ses spécialités : les cuisines créole et indienne. Au menu : curry de poulet (ou de pomme de terre pour les végétariens) et vindaye de poisson, accompagnés de kutcha de fruits de cythère, piment-maison et salade verte. Les plus gourmands scelleront le festin par un flan au caramel ou un onctueux sagoo au lait de coco.
Le parcours s’achève, mais la journée n’est pas encore terminée. Ce petit coin de paradis invite à la rêverie et au laissé être. Baignade, jeu de cartes, Mölkky, domino, sieste sur le hamac… l’après-midi vous appartient.