Directeur général Caraïbes et océan Indien d’Air France-KLM
L’aviation civile n’est pas épargnée par les récents soubresauts de l’économie mondiale. Air Mauritius, dont Rogers détient 13,5 % des actions, et Air France, qu’elle représente à Maurice depuis 65 ans, se sont toutes deux vues contraintes de mettre en œuvre des plans de redressement pour y faire face. La compagnie aérienne française souhaite aussi un renforcement de son partenariat avec le transporteur national mauricien. Alain Malka, directeur général d’Air France-KLM pour les Caraïbes et l’océan Indien, fait le point pour PRESENCE sur la courte visite de travail à Maurice du p-dg de la compagnie, Jean-Cyril Spinetta, au début de mars 2012.
Quel était le propos de la visite de M. Spinetta à l’île Maurice en mars dernier ?
Alors qu’Air Mauritius a annoncé son plan de redressement, il était important pour Air France de réaffirmer, tant au management qu’au principal actionnaire, sa volonté de poursuivre son partenariat et de le renforcer.
Air France est l’une des compagnies aériennes les plus puissantes du monde. Comment fait- elle face à la crise économique actuelle et à la hausse constante du prix du carburant ?
Air France, tout comme Air Mauritius, souffre énormément de l’augmentation du prix du pétrole. Tout comme Air Mauritius, nous avons lancé un plan de redressement (Transform 2015), dans lequel on retrouve tous les ingrédients fondamentaux du plan de notre partenaire : compétitivité, réduction de flotte, management et organisation du groupe, etc.
Quel en est l’impact plus spécifiquement concernant le flux de passagers sur la ligne France-Maurice, sachant que la France est le principal marché touristique de la destination ?
La ligne France-Maurice est aujourd’hui en surcapacité. La joint-venture Air Mauritius - Air France affronte une concurrence en croissance malgré une moindre demande touristique. Air France a mis en ligne sur Maurice le Boeing 777-300ER, qui représente une excellente opportunité pour redresser la desserte et satisfaire les clients : il est plus économique que le Boeing 747 et ses trois classes permettent de mieux répondre aux attentes de nos clients. Cet appareil est, par ailleurs, équipé des nouveaux sièges Affaires et Premium Voyageur pour offrir toujours plus de confort. Enfin, Air Mauritius a décidé de recentrer son programme au départ de l’Europe sur l’axe Paris-Maurice, tout en bénéficiant de l’alimentation des lignes métropoles et européennes d’Air France.
Votre société a récemment renforcé sa collaboration avec Air Mauritius à travers l’opération de vols en codes partagés sur la ligne Maurice-Réunion. Quels sont les avantages de ce partenariat pour les voyageurs et pour les deux compagnies aériennes ?
En renforçant notre partenariat sur l’axe Maurice- Réunion, nous offrons à nos clients la possibilité de combiner les deux îles et d’effectuer une boucle, par exemple Paris-Réunion-Maurice-Paris, avec un seul billet. Pour les deux compagnies, l’avantage est d’unir leurs forces de vente face à la concurrence.
Avez-vous d’autres projets pour la région océan Indien à court-moyen terme ?
Notre politique reste basée sur le partenariat avec les compagnies de l’océan Indien : une joint-venture avec Air Mauritius et un partenariat plus modeste avec Air Madagascar. Notre partage de codes avec Air Seychelles a pris fin depuis que cette compagnie a annulé ses vols directs entre Paris et Mahé et qu’elle a basculé dans le giron d’une compagnie du Golfe.
Durant sa visite, M. Spinetta a aussi eu l’occasion de s’entretenir avec l’équipe dirigeante de Rogers Aviation, qui représente Air France à Maurice. Quel est votre constat de cette collaboration, vieille de 65 ans ?
Air France Maurice et Rogers Aviation travaillent ensemble depuis de nombreuses années. Les fondements de notre collaboration reposent sur des valeurs communes : la franchise, le respect, la confiance et le professionnalisme, ainsi que sur un pragmatisme partagé pour affronter les réalités économiques.
LONGÉVITÉ EXEMPLAIRE
Le 10 février 1945, un Junker 52 piloté par Henri Roth, avec à son bord 17 passagers, est le premier appareil du Réseau de lignes aériennes françaises (qui sera renommé Air France en juin de la même année) à se poser sur le sol mauricien. Deux ans plus tard, la compagnie aérienne française confie à Rogers sa représentation dans l’île. Ensemble, les deux compagnies décollent alors pour un vol sans escale depuis 65 ans, une longévité exemplaire. Rogers et Air France ont également été parties prenantes de la création du transporteur national, Air Mauritius, en 1967.
FIDÈLE AU POSTE DEPUIS 27 ANS
Né en juillet 1961, Alain Malka compte 27 ans de carrière chez Air France. Ce diplômé de l’Ecole nationale supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace y a fait ses débuts en 1985 à la Direction du Transport. Nommé directeur général d’Air France-KLM pour les Caraïbes et l’océan Indien en avril 2010, il était précédemment directeur des ressources humaines de la compagnie aérienne française.