HERITAGE LE CHÂTEAU – Un jardin sur la route des cinq continents

Le paysage de Bel Ombre a été façonné par les Hommes qui y ont laissé leur trace, l’agriculture, le commerce, le développement de l’hôtellerie, les activités maritimes. C’est une région qui, véritablement, raconte une histoire. Partant de ce constat et d’une envie de revaloriser le parc d’Heritage Le Château, Agrïa a confié à Bertrand d’Unienville, paysagiste et amoureux de la nature, la création d’un plan directeur d’aménagement paysager du domaine avec le Château comme point de rayonnement. Voici les coulisses d’un projet qui devrait plaire à tous !

Les plantes et les Mauriciens : un lien historique

Dès l’arrivée des pionniers, d’importantes relations vivrières, commerciales, politiques, esthétiques et culturelles se sont tissées entre les plantes et les Hommes à Maurice. Souvenons-nous d’ailleurs qu’au xviiie siècle, l’île était un hub mondial de la botanique. Tout le monde connaît l’Irlandais Charles Telfair passionné d’histoire naturelle et le botaniste français Pierre Poivre (qui fut aussi l’Intendant de l’Isle de France), mais ils n’étaient pas les seuls à avoir participé au dynamisme botanique de la colonie.

Louis-Antoine de Bougainville, qui fit escale ici lors de son tour du monde, était un amoureux des plantes. Il était accompagné par le botaniste Philibert Commerson qui choisit de rester pour recenser les palmiers et herboriser (prélever des échantillons). Enfin, l’île possède le premier jardin botanique tropical au monde, le Jardin de Pamplemousses.

L’histoire du pays est donc intimement liée aux mouvements de ses végétaux, des espèces endémiques aux plantes venant d’ailleurs, en passant par celles qui furent exploitées (voire surexploitées). La végétation que nous trouvons aujourd’hui sur le territoire en dit long sur notre passé et chaque plante, ou presque, divulgue un indice sur l’histoire commerciale et migratoire de l’île.

Agrïa souhaite aujourd’hui renforcer ce lien qui perdure en ouvrant le jardin au public et en proposant des visites (guidées ou libres). À terme, le plan directeur d’aménagement paysager devrait instiller encore plus de vie au domaine. Les interactions entre les visiteurs, les travailleurs et les habitants du coin seront favorisées par les visites, et celles-ci inviteront à la découverte du quotidien du lieu. Enfin, la commercialisation des produits de Bel Ombre (fruits et légumes bio, miel, palmiste, gibiers, rillettes…) – qui a déjà commencé – contribuera à l’économie locale. « Notre objectif, souligne Bertrand d’Unienville, n’est pas de muséifier le domaine mais de créer une relation entre le public et le jardin ».

La visite du jardin

Situé plus ou moins à mi-chemin entre les montagnes et le lagon, Heritage Le Château détient une importance symbolique, historique et architecturale pour la région de Bel Ombre. Son parc de 6,4 hectares se compose actuellement d’un parterre à la française soigneusement conçu par la paysagiste Laurence Aurejac-Rouzaud, d’un jardin à l’anglaise aux formes irrégulières, d’un potager bio et d’une pépinière. Dessiné par l’architecte Jean Philippe Rouzaud, un beau deck en bois offre un point de vue à couper le souffle sur la région.

Différentes collections seront progressivement ajoutées au parc pour enrichir le parcours ouvert au public : un jardin d’épices, une serre abritant une collection botanique d’exception, un jardin parfumé, un « sentier des oiseaux » composé d’herbes indigènes, une pépinière de fleurs tropicales en souvenir de Charles Telfair et de son épouse Annabella et un verger d’arbres nourriciers – entre autres ! Chaque arrêt proposé sur le parcours sera prétexte à évoquer une anecdote sur l’histoire de l’île et de sa flore ou sur l’architecture spécifiquement liée à l’histoire agricole mauricienne. Les guides rendront également hommage à certains personnages historiques pour la région tels que Bernardin de Saint Pierre, l’auteur de Paul et Virginie. Enfin, les plus jeunes seront ravis de découvrir une volière à faisans et un sous-bois de tortues géantes !

Des plantes des cinq continents

Nos jardins mauriciens sont le fruit de longs voyages. La fameuse Christophine qui porte le nom de Christophe Colomb – notre « chouchou » mauricien – est en réalité une chayotte d’origine mexicaine. Le maïs et le manioc proviennent également des Amériques. Les buissons de rose de nos grands-mères sont européens et le fruit à pain dont se compose notre curry le plus fondant est une plante australienne. Enfin, l’hortensia, découverte à Maurice par Philibert Commerson, est en réalité d’origine japonaise et le flamboyant couleur feu qui apparaît sur toutes nos cartes postales est endémique de Madagascar !

Impression d’artiste d’une partie des jardins tels qu’ils devraient être après des travaux d’aménagement paysager.

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