C’est un fait, les écosystèmes côtiers et marins subissent la pression croissante de nos actions et des changements climatiques. Kathy Young, directrice générale de Reef Conservation, explique les problèmes écologiques que nous rencontrons à Maurice et les moyens d’y remédier.
Quelle est la situation des écosystèmes marins et côtiers à Maurice ?
La couverture corallienne et la santé des zones récifales sont menacés à Maurice. Il en est de même pour tous les habitats côtiers et marins. La surveillance des zones d’arrière-récif démontre qu’avec le temps, la couverture corallienne est passée d’environ 49 % en 2002 à quelque 18 % en 2010. La tendance continue à la baisse sur la plupart des sites. On ne connaît pas exactement l’état des autres habitats côtiers et marins, mais ils sont également considérés comme étant en déclin concernant l’île principale.
Quelles sont les principales menaces pesant sur ces habitats ?
Les activités humaines, la surexploitation des ressources, une mauvaise utilisation et gestion des terres, ainsi que des espèces exotiques envahissantes. Avec le développement du littoral et de l’intérieur des terres, la croissance démographique et les demandes croissantes de différents secteurs des zones côtières et marines, l’incidence négative sur des habitats fragmentés et déjà affectés ne peut qu’augmenter. Les changements climatiques ne font qu’amplifier le problème.
Comment la détérioration de ces écosystèmes nous affecte-t-elle à plus grande échelle ?
Ces habitats ont autant d’importance que les grandes forêts séculaires. Ils aident à éliminer et à réguler la teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère. De nombreuses espèces dulcicoles, marines et pélagiques, dont des tortues et oiseaux, dépendent de ces habitats pour les différents stades de leur développement. La perte ou la dégradation de l’un ou l’autre de ces habitats peut perturber ces équilibres délicats et avoir des effets négatifs sur les organismes qui y vivent.
Pourquoi est-il indispensable de préserver les écosystèmes marins et côtiers ?
Les menaces liées aux changements climatiques pour Maurice comprennent des cyclones plus puissants et plus fréquents provoquant des vents violents, des marées de tempêtes, l’érosion des plages et des côtes, des inondations côtières, ainsi que des dégâts au niveau des infrastructures et habitations côtières. Les services écosystémiques et d’infrastructure fournis par les écosystèmes côtiers et marins contribuent naturellement à protéger les communautés côtières. Par conséquent, protéger et restaurer ces habitats n’est pas une option, mais une mesure indispensable pour atténuer les effets anticipés.
Quel est le problème le plus important à l’heure actuelle ?
La qualité de vie et le bien-être de la population mauricienne sont d’une importance capitale. Cela n’est possible qu’en protégeant et en maintenant la bonne santé et l’entière fonctionnalité de toutes nos ressources naturelles.
Comment faire pour résoudre ce problème ?
La principale priorité est de protéger ces ressources connues en appliquant les nombreuses lois qui existent à cet effet. Deuxièmement, il est important d’enregistrer et de suivre l’étendue ainsi que l’état de nos ressources côtières et marines et de gérer les principales menaces qui pèsent sur elles. L’éducation et la communication sont également des éléments clés.
Y a-t-il une sorte d’ultimatum au-dessus de nos têtes ?
L’échéance est déjà passée, mais il n’est jamais trop tard pour apporter des changements positifs. Au cours des 10 dernières années, nous avons constaté chez Reef Conservation un changement constant et encourageant dans l’attitude de gens de toutes couches sociales et leur volonté à soutenir la conservation de l’habitat et de la biodiversité. Nous pouvons tous faire partie de la solution en nous impliquant dans des actions positives à tous les niveaux, en partageant des informations fiables et des success-stories et en devenant des ambassadeurs de notre environnement.
Gestion du lagon de Bel Ombre, un projet en partenariat avec Rogers
Lancé en 2017, ce projet a pour objectifs de réduire les impacts sur les écosystèmes de lagons afin d’accroître la résilience, de développer et de maintenir les activités de loisirs à faible impact environnemental, d’accroître l’information et la compréhension, ainsi que d’évaluer continuellement l’efficacité des mesures de gestion.