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Maillage complexe de métiers

L’activité du transport aérien de passagers, de bagages, de fret et de courrier est une chaîne dont la bonne marche repose sur un maillage complexe de métiers et de compétences. Après en avoir accompagné le décollage il y a presque 70 ans, Rogers est aujourd’hui un acteur incontournable de l’aviation commerciale et de ses métiers à l’île Maurice et dans la région.

photos : rogers image bank | new mauritius hotels air mauritius | general aviation (mauritius) ltd

Jean-Philippe de Ravel Responsable régional de la South African Airways pour les îles de l’océan Indien

Qui, enfant, n’a jamais rêvé d’être un jour pilote de ligne ou hôtesse de l’air ? Certains métiers de l’aviation ont une plus grande visibilité en raison de l’interaction directe

qui existe entre ceux qui les exercent et le public voyageur – agents de voyages, personnel au comptoir d’enregistrement et à l’embarquement, personnel navigant commercial… Mais on ne touche là que le bout de l’aileron d’un appareil au fonctionnement bien plus complexe qu’il ne laisse paraître. De l’exploitation à la maintenance, en passant par le commercial, les systèmes d’information et les activités de support, des centaines d’autres personnes s’activent et usent de leur savoir-faire pour aiguiller l’aviation mauricienne et la mener à bon port.

Pour Rogers, la grande aventure de l’aviation commerciale débute en 1945. Alors que le secteur est en plein essor à l’échelle globale durant la période d’après-Seconde Guerre mondiale, les frères Maingard, René et Amédée, s’apprêtent à jouer un rôle crucial dans son développement à l’île Maurice. Le premier nommé, alors âgé de 28 ans, a servi comme pilote dans la Royal Air Force, tandis que son cadet d’un an a été agent secret mauricien au sein du Special Operations Executive en France.

Ils sont les premiers à réaliser la contribution cruciale que ce secteur pourrait apporter au désenclavement d’un pays insulaire comme Maurice et à son développement économique. Faisant jouer leurs contacts à l’étranger, ils décrochent, au début de la même année, le contrat pour la représentation du Réseau des lignes aériennes françaises, qui sera intégré à Air France quelques mois plus tard avec la nationalisation de l’aviation civile française.

« à l’époque, certaines compagnies aériennes effectuaient des escales techniques à l’île Maurice et il fallait s’occuper des équipages, ainsi que des avions. Rogers s’est positionné pour rendre ce service. De fil en aiguille, nous sommes devenus une référence et à chaque fois qu’une ligne aérienne venait se poser dans l’île, nous étions l’interlocuteur de choix », explique Alexandre Fayd’herbe, actuel CEO de Rogers Aviation (voir également l’interview à la page 32).

Les choses prennent rapidement de l’ampleur et trois ans plus tard, Amédée Maingard est chargé de créer un département d’aviation chez Rogers. Il ouvre alors une agence à Port-Louis et dans la foulée, met en place un service de manutention à l’aéroport. En 1949, la South African Airways (SAA) figure parmi les lignes aériennes qui viennent s’ajouter à la liste de celles représentées par Rogers.

« Ce partenariat a toujours été dynamique, sans jamais verser dans la complaisance. Rogers Aviation et la SAA ont parcouru un bon bout de chemin ensemble. Les leaders ont changé des deux côtés au fil des années, mais l’éthique commerciale, fondée sur des principes solides et un esprit de partenariat sain, prévaut toujours », indique Jean-Philippe de Ravel, responsable régional du transporteur national sud-africain pour les îles de l’océan Indien. Après s’être dévoué avec compétence au service de la SAA pendant 40 ans et avoir occupé divers postes de responsabilité à l’île Maurice, à Hong-Kong, ainsi qu’en France, il s’apprête à tirer sa révérence en septembre prochain.

Visionnaire avant l’heure et confiant dans le potentiel du tourisme à l’île Maurice, Amédée Maingard prend la mesure de la relation étroite qui existe entre ce secteur et celui de l’aviation dès le tournant des années 1950. Une ancienne maison coloniale à Curepipe devient le Park Hotel, premier établissement hôtelier de l’île Maurice, en 1952. Celui-ci accueille les voyageurs de passage et les équipages en escale. La compagnie qu’il met en place deux ans plus tard, Mauritius Hotels, est aujourd’hui le plus important groupe hôtelier du pays. Rogers a toujours une participation effective de 16,7 % dans New Mauritius Hotels, qui opère sous la marque Beachcomber Hotels.

En 1953, Amédée Maingard crée Mauritius Travel & Tourist Bureau (MTTB) pour assurer la promotion de la destination, ainsi que l’agence réceptive Mautourco pour prendre en charge les touristes visitant l’île Maurice. « Lorsque je suis arrivé chez Mautourco en 1984, le business était tout à fait différent d’aujourd’hui. Le réceptif était encore tout petit, avec environ 4 000 à 5 000 clients par an et la location de voitures, à travers la franchise Hertz, générait le plus de revenus. En 1999, après la fusion de MTTB et de Mautourco, nous étions le plus gros réceptif avec autour de 100 000 clients par an. L’activité s’est développée davantage par la suite et au plus fort de nos activités, nous avions au moins 150 000 clients annuellement », se remémore Jacques de Spéville, qui a occupé les fonctions de Managing Director de la compagnie jusqu’en 2010.

Amédée Maingard osera également le pari de l’expansion régionale en s’associant à France Giraud en 1953 pour donner naissance à Transcontinents, pionnier des agences de voyages et tour-opérateurs à Madagascar (voir hors-texte en page 48). Un peu plus d’une décennie plus tard, alors que l’indépendance du pays devient imminente, il joue un rôle de premier plan dans la création du transporteur national, Air Mauritius, dont il présidera aux destinées jusqu’à sa mort en 1981.

Poursuivant dans la voie tracée par ce précurseur, Rogers Aviation se positionne aujourd’hui comme un acteur incontournable de l’aviation commerciale à l’île Maurice. Ce pôle d’activité du groupe est organisé en deux lignes de services, Aviation Services et Travel Services. Il opère sur huit territoires dans l’océan Indien et en Afrique – Kenya, Madagascar, Mayotte, Mozambique, île de La Réunion, Afrique du Sud, Union des Comores et île Maurice , avec près de 500 collaborateurs.

Les services d’aviation englobent la représentation d’une quinzaine de lignes aériennes, l’assistance en escale et la représentation du système de réservation centralisé (GDS) Sabre. Les services liés au voyage regroupent, pour leur part, le réseau d’agences de voyages sous l’enseigne BlueSky.

En outre, Rogers Aviation gère les intérêts du groupe dans Transcontinents à Madagascar, ainsi que dans les agences réceptives Mautourco et White Sand Tours à l’île Maurice. L’entité opère aussi une flotte de bateaux de tourisme, en sus d’un centre de contact, BlueConnect, en joint-venture avec la filiale d’Air France, BlueLink. Elle a, d’autre part, tissé des partenariats sur la durée avec des pointures mondiales telles qu’American Express Travel Services, Cosmos & Globus et SOTC.

La culture d’entreprise du pôle aviation de Rogers repose sur des piliers tels que l’innovation, la volonté de satisfaire ses clients et partenaires au quotidien et de leur apporter une relation de confiance, l’excellence, ainsi que l’offre de solutions complètes aux voyageurs d’affaires et de loisirs. « Nous avons développé des compétences métiers fortes, avec des techniciens qui ont une grande expérience du fret, de la billetterie et des services aéroportuaires », soutient Alexandre Fayd’herbe.

Rogers Aviation peut aussi compter sur une compétence commerciale et marketing pointue, tant au niveau du réseau d’agences de voyages que de la représentation de compagnies aériennes. « Nos équipes sont sur le terrain, proches de leurs clients, accessibles et disponibles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour trouver des solutions aux besoins de ces derniers », ajoute-t-il. Outre les activités de Rogers, la chaîne de métiers de l’aviation à l’île Maurice comprend d’autres maillons importants tels que la restauration aérienne.

Plaisance Catering opère dans ce secteur depuis les années 1960. « à titre indicatif, le nombre de plateaux- repas que nous fournissons est passé de 746 000 annuellement en 1996 à 3 millions en 2010. Nous étions alors les seuls à fournir ce service, mais l’arrivée d’un nouveau prestataire – qui assure désormais toute la restauration aérienne pour Air Mauritius, compagnie qui représentait à peu près 50 % de notre production – a eu une incidence sur notre volume », déclare l’ancien General Manager, Frantz Merven.

Suivant le pas de l’évolution du secteur, de nouvelles activités ont également vu le jour ces dernières années. Ainsi, Veiling, une société de leasing d’avions, a vu le jour en 2002. Basée à l’île Maurice, avec des bureaux à Londres, elle gère aujourd’hui une flotte de 13 appareils, essentiellement des gros porteurs. « Les compagnies aériennes ont de plus en plus recours au leasing pour diverses raisons. Au début des années 1980, il était d’usage pour elles de faire l’acquisition de leurs propres appareils. L’émergence de sociétés de leasing leur a offert la flexibilité d’étoffer leur flotte sans avoir à financer les appareils ou en assumant le risque de la valeur résiduelle en fin de vie des avions », indique le Managing Director, Nirvan Veerasamy.

Ancien directeur d’Air Mauritius, il est également Executive Director de General Aviation (Mauritius) Ltd, qui opère le YU Lounge, premier salon privé à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam. Celui-ci propose à une clientèle haut de gamme toute une palette de services de terminaux corporatifs, incluant les transferts, la prise en charge de jets privés et de leurs équipages, ainsi que des salles de réunion. « Depuis sa création, le YU Lounge a accueilli de nombreux hommes d’affaires importants, qui ont pu utiliser le salon pour transformer en des réunions très productives un temps qui est généralement perdu », confie-t-il.

La mobilité globale n’a cessé d’augmenter depuis les premiers jours de l’aviation commerciale et le secteur n’a rien perdu de son envie d’aller toujours plus loin – Virgin Galactic, compagnie du milliardaire britannique Richard Branson, vend même déjà des vols suborbitaux. Nul doute que cette évolution constante entraînera l’émergence de nouveaux métiers encore dans le secteur à l’avenir.

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